Mon ami Pierrot, ouvre-moi ta porte, prête-moi ta plume pour écrire un mot, ma chandelle est morte…

D’accord, je ne connais pas de Pierrot  et en ce moment, ce n’est pas trop mon truc de me confronter à l’inconnu. Je vais donc attendre tranquillement à la maison. Qui ? Quoi ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Des plumes j’en ai de nombreuses, des bougies aussi… Mais je n’arrive plus à écrire. Pourtant, il faut que je te retrouve à travers mes mots. Vite, il y a urgence, c’est vital. Je suis perdue, je suis paralysée, je suis fatiguée. Et aujourd’hui, en plus, je suis en colère. Après qui ? Après quoi ? Tout. Notamment après le temps, ce Temps qui ne joue pas son rôle. Je ne les ai pas rêvées, je les ai entendues ces paroles « Il faut vivre les choses au moins une fois. Après… ». Premier noël, ton premier anniversaire, les nôtres, les premières vacances, la première rentrée scolaire, la 1ère fois que ton plat préféré s’invite à table… Stop, il y en a eu, il y en a et il y en aura tous les jours des premières fois vécues en ton absence. Et après quoi ? La réalité ! Les deuxièmes fois sont tout autant douloureuses. Mon second anniversaire où tu n’es pas là me parait insurmontable. Je souffre. D’un autre côté, si le temps se présentait à moi avec ses supers pouvoirs d’effacer cette douleur, en aurais-je envie ? Me séparer de ce petit peu de toi que je conserve en moi, dans mon ventre, presque précieusement ?

Toc ! Toc ! Toc ! Véro et Marraine arrivent. Allez, une soirée pansement comme je les aime où je peux parler, me taire, pleurer, rire et tenter d’être moi-même. Toutes les deux me délivrent de ces pensées qui me rendent folle de tristesse et Marraine me livre pour mon anniversaire ses mots, si justes, comme d’habitude. Elle a compris. En ce moment, je crève de ne pas te voir grandir comme tous les autres, je crève de ne pas partager avec toi ces moments que la vie ramène à nous tout doucement. C’est bête, terriblement mais je suis en train de comprendre que ton absence va durer. Et que des jours sans toi, ma vie en sera remplie, jusqu’à sa fin.

Lulu,

Tu es en seconde. Tu as 15 ans et demi. Tu as grandi et tu dépasses maman, ta voix déraille un peu, des graves et des aigus se mélangent… Tu commences à avoir besoin de te raser un peu.

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de ta maman… Mais crotte, il n’est même pas 10 heures, tu dors encore un peu !

Cet aprème, tu vois tes potes c’est clair. Déjà le week-end dernier tu n’as pas pu les voir pour cause de Pâques et séjour à la campagne, alors aujourd’hui y a pas moyen, t’y vas ! Ils sont marrants les parents avec leur chasse aux œufs ! Mais bon, vous n’avez plus 4 ans, ça les amuse plus que vous l’histoire … alors vous leur faites plaisir !

Pour maman tout est ok. Tu lui as déjà acheté un cadeau lors de notre week-end à Londres tous ensemble en janvier. Elle a flashé sur un sac et avec papa et les autres vous vous êtes cotisés et c’est réglé, elle va être contente.

Ce soir c’est fête d’anniv… toujours un peu les mêmes, mais bon en général tu te marres bien. Et puis c’est barbecue, et ça tu kiffes ! D’ailleurs maintenant, c’est souvent toi qui t’en occupes avec papa… Y a pas à dire, c’est trop bon, faut maitriser le procédé !

Au fait, faudra que tu penses à regarder le forfait téléphone pour les Etats-Unis… ça approche le voyage à New York avec mamie Rosine, trop cool !

Il est midi, tu n’es toujours pas levé… est-ce bien normal ? Cela fait un peu tard non ?

14h00 et on ne t’a toujours pas aperçu…

L’apéro approche, et rien… pas de Lulu…

Une faille dans l’espace-temps ? On aurait changé de corde ?

Pourtant le sac est bien là…

L’anniv de maman commence… sans toi… mais tellement avec toi, rempli de toi et de ton absence…

45 ans qu’elle est là… 15 ans et demi que tu es né… 1 an et demi qu’on ne t’a plus vu…

Tous les jours, et plus particulièrement des jours comme aujourd’hui, tu nous manques. On se serre les uns contre les autres pour se réchauffer le cœur et t’inviter à nous accompagner dans ce moment.

Marraine, le 22 avril 2017

 

 

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