1,2,3… Tétines !

Des bleues, des vertes, des violettes à paillettes, en caoutchouc ou silicone, tétine chat ou pas… Récit d’une véritable histoire d’amour.

Comme beaucoup de parents, nous avons décidé que tu serais un héros. Pas de tétine, pas de pouce.  Bon, nous en avons quand même acheté une. « Au cas où » … qui arrive en fait plus tôt que prévu ! Premiers pleurs un peu plus déchirants que les autres et hop, te voilà avec, dans la bouche, cette sucette, magnifique, orange et jaune, à la forme originale d’une tête de chat. Elle te va divinement bien, même si elle est un peu disproportionnée par rapport à ton petit visage de fouine. Je te revois la tétant goulument, la réclamant à corps et à cri dès qu’elle t’échappait. Je nous revois accourant, à toutes heures du jour et de la nuit pour remettre l’objet de tous désirs à sa place… dans ta bouche ! Et cela dure longtemps. Même quand tu es en mesure de te débrouiller seul, tu préfères crier « Papa, ma Bala (petit surnom que tu as donné affectueusement à ta tétine) ». Il se hâte alors auprès de toi, son petit prince, pour assouvir tes besoins. Comme redouté, nous devenons donc esclaves de la tototte. Ceci expliquant cela, nous avons laissé ta sœur sucer son pouce ! Pas besoin de nous lever en pleine nuit en cas de perte. Pas besoin non plus de courir les magasins pour rechercher la perle rare. Eh oui ! Plus tu grandis, plus tu es exigeant. Tes goûts en la matière s’affirment. Il te faut exclusivement des tututtes violettes à paillettes. Le ridicule ne tue pas, même pas peur. Le must one pour toi, le réconfort absolu : Bala – Doudou. Tu trimballes avec ta tétine ce lange blanc sur lequel Mamie a brodé délicatement en bleu ton prénom. Sucette en place, tu agrippes ce bout de chiffon insignifiant aux yeux du monde, tu le malaxes, tu te chatouilles le nez avec ou tu te couvres le visage. Caché, rassuré, apaisé, réconforté. Une grande harmonie règne entre vous. Vous formez un parfait trio jusqu’au jour où… Les histoires d’Amour finissent mal en général. La tienne avec Bala s’est brutalement arrêtée. Un jour d’anniversaire. Celui de tes 4 ans. Comme à l’accoutumée, nous sommes réunis pour fêter ce grand jour. Caro, Isa, Viviane, Céline, les gnomes de chacune.  Tu es l’aîné de la tribu, le petit Roi. Tout le monde est là. Vous criez, vous déballez compulsivement playmobils, légos and co, Vous vous amusez, vous vous chamaillez, vous riez, vous chouinez. Nous, nous mangeons, nous buvons, nous nous racontons avec enthousiasme nos dernières vacances estivales. Tu souffles tes bougies, tu découvres tes cadeaux. Je te revois. Tu es heureux, tes yeux pétillent. Nous terminons la journée en vous emmenant faire une ballade en poney. La grande aventure, enfin presque car c’est la suite qui va révéler vraiment le héros qui sommeille en toi. Le soir, au moment de te coucher, la sempiternelle ritournelle « Papa, ma Bala » est prononcée. Vite, nous partons à la recherche de la tétine violette à paillettes. Nous fouillons, ici, là, ailleurs, nous ouvrons tiroirs, placards, même le frigo y passe on ne sait jamais, nous soulevons, nous retournons tout. Rien ! Pas de sucette en vue… La panique nous envahie. Comment vas-tu faire sans tétine un dimanche soir à 20h30 ?  Fin de week-end pourrie annoncée !  Il va falloir gérer tes pleurs. Une nuit sans Toutouille, tu ne sais pas faire. Une idée, un peu fourbe, nous vient à l’esprit.  Nous sommes de suite d’accord avec Papa. Nous allons te coller la verte pomme à paillette retrouvée par hasard lors de notre grand déballage. C’est parti. Nous, debout dans ta chambre, sourires crispés, cachant le bout coloré de l’objet, l’insérant à toute hâte dans ta bouche. Toi, en deux temps trois mouvements qui recrache la chose et nous dit agacé « C’est pas Bala ! ». Et mince, nous n’avons plus le choix. Passons aux aveux. Tétine perdue, va falloir faire sans, tu es fort, tu es grand, tu vas y arriver, nous avons confiance. Lulu, notre héros.  Tu pleures, pas de colère mais de tristesse. Des vraies grosses larmes de crocodile.  Tu n’es pas convaincu par nos mots. Nous finissons par ne plus savoir quoi dire, quoi faire. Dernière carte à abattre. L’histoire des Esparbouilles, nos amis toulousains parents de Laurie et Juju. Pour eux, les tétines disparues s’envolent au pays imaginaire de Peter Pan, celui où vivent les enfants perdus. Et oui, malin !  En guise de remerciement, le personnage au pantalon vert emmène au bout de 10 nuits sans pouce ou sans sucette un cadeau. Tu nous regardes désabusé. Tu veux ta Bala, la violette à paillettes. Tu t’en fiches de Peter. Enfin, pas tout à fait… Quand nous évoquons le bateau de pirates Playmobil qu’il pourrait te déposer pour te féliciter pour ta bravoure, tu hésites, tu vacilles, tu te tournes dans ton lit avec Doudou, tu contiens tes sanglots, tu fermes les yeux. Nous quittons ta chambre. Je ne suis pas à l’aise, j’angoisse pour toi. C’est disproportionné, je le sais. Je ne suis pas préparée à ce que tu renonces à ta tétine. Je ne l’avais pas envisagé comme cela. Je retourne régulièrement t’observer, tu sembles dormir, tes petites lèvres s’agitent comme si tu tétais. Papa profite de mon manège incessant et incontrôlable pour ranger tous les jouets qui ont envahi notre salon aujourd’hui. Il m’appelle. Il soulève triomphalement Bala.  Elle était là, entre playmobils, légos and co. Je saute dessus, prête à te la ramener. Le triomphe assuré ! Oui… mais non. Nous décidons d’attendre, tu as 4 ans, tu es grand, c’est peut être l’occasion rêvée de terminer cette jolie histoire d’amour avec ta sucette. Soyons forts, résistons à la tentation d’être les héros d’un soir…

10 jours plus tard… Plus de Bala, un bateau de pirate en plus ! Je suis émerveillée par ton courage, oui c’est peut-être excessif mais être confronté si jeune à la frustration, j’admire. Tu as réussi. Lulu, mon … héros !

 

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